Un corps qui tombe, un corps qui sue, un corps qui souffle, un corps qui souffre… ça fait quel(s) bruit(s) au juste ? L’énigmatique Bruit-Blanc sur son audioblog (avec plein de morceaux de bruits intempestifs dedans, mais surtout beaucoup de talent), semble nous apporter une réponse par le son lui-même.
Titre : Corps seul Auteur : Bruit-Blanc Date : 28 novembre 2007 Durée : 5′22″ +
Parfois, entre deux aspérités sonores, il nous viendra l’envie de calme et de sérénité à l’instar de la musique du japonais Sasagu Ota aka Hitoshires qui, dans Stella, nous livre une composition aérienne à partir d’un jeu délicat avec les larsens et les vibrations des cordes de sa guitare électrique. Oui, parfois nous aurons envie d’écouter les étoiles. Une production du très recommandable label Taâlem.
Titre : StellaAuteur : Sasagu Ota
Date : 7 octobre 2016
Durée : 19′48″
Production : Taâlem +
Plus connu comme plasticien pour ses dessous d’affiches lacérées, François Dufrêne fut aussi, dans les années 50, le fondateur de l’ultralettrisme, soit une forme de “lettrisme sonore” qui explore les possibilités vocales (cris, bruits de gorge et de langue, phonèmes, etc.) dans le but de générer une poésie sonore purement phonétique et spontanée qui deviendra ensuite le terrain d’exploration des Bernard Heidsieck, Henri Chopin et consorts. Köchel que j’aime est une œuvre qui date de 1969.
Après avoir réuni une collection de “silences” récoltés en Alaska, Daniel Capeille, preneur de son et concepteur sonore, interroge la définition de cette matière discrète, et de plus en plus rare, dans Le Silence sur un fil, une création qui tient autant du documentaire que du paysage sonore. Nous vous invitons à l’écouter au casque pour percevoir les sons les plus ténus. Une réalisation lauréate du prix Phonurgia Nova 2017 dans la catégorie Paysage sonore.
Titre : Le Silence sur un fil Auteur : Daniel Capeille
Date : 2017
Durée : 43′ +
En 2015, à l’invitation de la Fondazione Aurelio Petroni, Nicola Di Croce, musicien, compositeur et architecte basé à Venise, mène une résidence artistique à San Cipriano Picentino, un petit village du sud de l’Italie, pendant laquelle il développe un projet intitulé Listening Closely. L’objectif était d’éclairer le lien entre l’environnement sonore et le degré d’engagement sociétal et politique des habitants et, ce faisant, de stimuler la prise de conscience de l’identité sonore d’un territoire pour qu’elle puisse être considérée dans le cadre de la politique du village. Les 8 compositions en écoute sont le fruit d’un rendu de cette expérience.
Titre : Listening closely Auteur : Nicola Di Croce
Date : 12 janvier 2018
Durée : 46′21″
Production : Sonospace +
Oui, bien sûr, les araignées s’aiment aussi ! Et dans la famille des lycoses, quand les mâles sont gorgés de désir sexuel, ils émettent des signaux sonores en tambourinant les feuilles afin d’attirer à eux les femelles. Ce son surprenant c’est Marc Namblard qui nous le décrit dans sa chronique “son de saison” pour les Carnets de la revue Syntone (n°09 Printemps 2017) et qui l’illustre par cet enregistrement disponible en ligne.
Nous vous invitons d’ailleurs à écouter tous les (incroyables) sons de la série ici.
Titre : Les araignées aussi s’aiment…Auteur : Marc Namblard
Date : 2017
Durée : 1′55″
Production : Syntone +
Agogies est une composition radiophonique de Marie Lisel, créatrice sonore et praticienne en hypnose dite éricksonienne, et Daniel Martin-Borret, auteur et créateur sonore, réalisée à partir d’enregistrements de souvenirs enfouis, états émotionnels fragiles, actes manqués… Un travail d’une grande délicatesse qui a reçu une mention spéciale au prix Phonurgia Nova 2017 dans la catégorie Archives de la Parole — BNF.
Titre : Agogies Auteurs : Marie Lisel, Daniel Martin-Borret
Date : 2017
Durée : 16′50″ +
Jana Winderen, artiste sonore norvégienne, mène un travail de topographie audio des océans et des crevasses glaciaires. Des sons intenses et profonds qui font la matière première de ses compositions électroacoustiques vibrantes. Débris réunit deux œuvres initialement réalisées en quadriphonies pour des galeries d’art.
Titre : Débris Autrice : Jana Winderen
Date : Juin 2012
Durée : 27′22″ +
Un extrait de Three inclements, un album (malheureusement plus disponible) de Sally Ann McIntyre issu des travaux de sa résidence sur l’île de Kapiti (Nouvelle-Zélande). Le disque regroupe trois compositions réalisées à partir de différents postes radios qui captent plusieurs plages de fréquences et des sons d’un violon cassé. Cet extrait, trop court, rend malgré tout un peu de la puissance de l’œuvre intégrale.
Titre : Three inclements Autrice : Radio Cegeste (Sally Ann McIntyre)
Date : 2014
Durée : 28’15’‘ (album) / 1’51’’ (présent extrait)
Production : Consumer Waste +
Depuis plus de 25 ans, Dominique Petitgand bâtit une œuvre singulière et fascinante à partir d’enregistrements de paroles intimes de gens qu’à travers le montage il déconstruit, éclate et projette dans l’espace, aussi bien mental que sonore. Dans ses compositions, la répétition, le flottement des identités, des lieux et des structures temporelles évoquent le mouvement même de la construction et de la défection d’une mémoire. La voix mobile est une création en studio réalisée à partir d’installations sonores de l’artiste qui reprend l’articulation de son écriture ponctuée par un entretien avec Irène Omélianenko. C’est aussi, pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas son travail, un très bon moyen de l’approcher.
N.B. : à écouter au casque pour profiter du son binaural.
Titre : La voix mobileAuteur : Dominique PetitgandRéalisatrice : Nathalie Salles Date : 1er mars 2018
Durée : 60′
Production : Atelier de Création Radiophonique / France Culture +
Albufera est une composition de l’artiste espagnol Edu Comelles qui mélange des prises de sons effectuées dans le parc naturel d’Albufera, dans la région de Valencia, et des nappes synthétiques. Une plage musicale délicate et hypnotique qui évolue tout en douceur dans une ascension sonore qui, petit à petit, nous transporte dans une contrée fantasmagorique.
Titre : Albufera Auteur : Edu Comelles
Date : 21 janvier 2012
Durée : 22′56″
Production : 48laws.org +
Le compositeur américain Richard Devine nous met la tête – ou du moins les oreilles – dans un essaim d’abeilles… de 12 000 abeilles ! Apiphobes éloignez-vous de ce son !
Titre : Multi-channel field recording of 12,000 bees at Buckeye Creek Farm Autrice : Richard Devine
Date : 2013
Durée : 3′08″ +
Formée à la composition électro-acoustique par Denis Dufour, Bérangère Maximin a développé une écriture très personnelle autour d’une musique particulièrement vivante et affranchie de tout dogmatisme. Repérée par John Zorn, elle s’offre, en 2008, le luxe d’un premier album sur le prestigieux label Tzadik. Nous écoutons ici trois titres en accès libre sur bandcamp.
Titre : Tant que les heures passent Autrice : Bérangère Maximin
Date : Août 2008
Durée : 59’35 (CD intégral) / 25’30 (titres en écoute)
Production : Tzadik +
Une carte postale sonore d’Italie de Damien Magnette qui, loin des clichés, nous entraîne dans un paysage qui semble plus inquiétant qu’idyllique.
N.B. : l’accès à ce son nécessite la présence d’Adobe Flash Player sur votre appareil (système IOS non équipé par défaut).
Titre : Greetings from Italy
Auteur : Damien Magnette
Date : Septembre 2008
Durée : 4’12
Production : Silence Radio +
Premier album du platiniste eRikm, Zygosis, édité en 1999, annonçait déjà tout son art de la manipulation des disques vinyles – et, plus tard, des bandes et autres supports sonores. Sa technique de déconstruction de matériaux sonores pour créer sa propre dramaturgie musicale est d’une efficacité remarquable. A l’heure des techniques informatiques, il est impressionnant de voir comment cet artiste travaille de façon artisanale et avec une telle dextérité l’art du cut-up, du collage et du mixage. Un must.
Titre : Zygosis Auteur : eRikm
Date : 1999
Durée : 38’09
Production : Sonoris +
Qu’advient-il du caractère artistique d’un poème lorsqu’il est interprété par des machines ? C’est la question en creux dans cette version très particulière de l’Ursonate de Kurt Schwitters, poème dadaïste des années 20–30, par André Cormier et l’Ensemble Ordinature. À l’instar du poète allemand en son temps et à sa manière, l’artiste canadien, 80 ans plus tard, remet en crise la notion même de poésie.
3. Preto Finale
Titre : UrsonateAuteur : Kurt Schwitters
Interprétation : Ensemble Ordinature, dir. André Cormier
Date : 1922–1932 (œuvre originale) / 2004 (présente création)
Durée : 18′50″”
En écoute sur UbuWeb +
Homme d’institution, puisqu’il dirigea un temps le GRM, François Bayle est aussi, et surtout, un grand acteur de la recherche musicale depuis les années 60 connu pour l’invention, dans les années 70, de l’acousmonium : un “orchestre” d’enceintes acoustiques favorisant la mise en scène des sons. Les couleurs de la nuit est œuvre plutôt méconnue, et pourtant majeure, du compositeur. Dans ce paysage sonore aux teintes tropicales (ses origines malgaches ?), les sons s’agitent dans l’espace tels des insectes turbulents. Rarement la musique acousmatique aura atteint cette puissance d’évocation par les sons.
Titre : Les couleurs de la nuit Auteur : François Bayle
Date : 1985 (première édition) / 2017 (présente édition)
Durée : 38′
Production : INA-GRM (première édition) / Sub Rosa (présente édition) +
Emmanuelle Gibello développe une pratique artistique qui emprunte à la fois aux arts visuels et à la musique électronique. Très influencée par les nouvelles technologies, elle invente ses propres dispositifs musicaux à partir de caméras, de capteurs, de micros modifiés, etc., avec lesquels elle explore et manipule des sources sonores provenant de milieux naturels comme de milieux urbains, de son quotidien comme de ses voyages. Dans ses travaux, également très imprégnés de littérature, elle interroge les rapports entre sons, images, paysages sonores et souvenirs. Dans Secret Mercy, elle développe une narration double – à l’instar du roman d’Haruki Murakami, La Fin des temps, dont elle s’inspire –, à partir de sons enregistrés sur le terrain en France, en Corée, au Japon, au Laos et au Canada ainsi que les voix de divers protagonistes.
Titre : Secret Mercy
Autrice : Emmanuelle Gibello
Date : 13 avril 2013
Durée : 65′35″ +
Fortement nourrie par le jazz – elle fut notamment de l’aventure de l’Orchestre national de jazz pendant 5 ans –, Eve Risser est avant tout une compositrice et une interprète (flûtiste mais surtout pianiste) à l’esprit aventureux qui franchit sans état d’âme les frontières de toutes les géographies, terrestres comme musicales. Elle collabore régulièrement avec d’autres musiciens, elle a créé le White Desert Orchestra, un ensemble de 10 musiciens entre musique jazz et musique de chambre, et elle s’épanouit aussi dans un travail plus intimiste au piano en solo. Nous écoutons ici une de ses improvisations au piano préparé ; instrument qu’elle fait vibrer, résonner, chuinter, chanter… Une musique ténue, fragile et sensible.
Titre : Solo prepared piano
Auteur : Eve Risser
Date : 2012
Durée : 17′28″ +
Carte postale radiophonique de Hong-Kong par Jérôme Game. HK Live ! dresse un portrait virtuel de la ville-État et voyage dans sa matière sonore, réelle comme fantasmée. L’auteur-narrateur circule sans frontières entre l’univers du cinéma asiatique et celui, prosaïque, de Hong-Kong aujourd’hui. Un poème sonore dans lequel les bruits, les voix et les humeurs de la ville et des films se donnent la réplique.
Titre : HK Live !
Auteur : Jérôme Game
Date : 14 août 2012
Durée : 59′
Production : France Culture/Institut Français/Missions Stendhal +