Et souffle le vent

De la force as­sour­dis­sante d’un vent tu­mul­tueux à d’in­quié­tants si­lences, cette pièce de l’ar­tiste basque Oier Iru­re­ta­goie­na alias Tüsü­ri, ar­ti­cule une ten­sion dra­ma­tique à par­tir de ces ex­trêmes so­nores. L’ar­tiste fait ré­fé­rence à la my­tho­lo­gie basque dans la­quelle l’Ai­zeo­la, qui donne son nom à cette pièce, était une forge à vent uti­li­sée dans les temps an­ciens pour faire fondre le mi­ne­rai abon­dant dans cette par­tie du nord-est ibé­rique. Nous pou­vons presque sen­tir dans cet en­re­gis­tre­ment la terre se bri­ser sous la puis­sance de la nature.


Titre : Ai­zeo­la
Au­teur : Tüsü­ri (Oier Iruretagoiena)
Date : 2008
Du­rée : 14′11″
Pro­duc­tion : Test Tube
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En corps

Un corps qui tombe, un corps qui sue, un corps qui souffle, un corps qui souffre… ça fait quel(s) bruit(s) au juste ? L’é­nig­ma­tique Bruit-Blanc sur son au­dio­blog (avec plein de mor­ceaux de bruits in­tem­pes­tifs de­dans, mais sur­tout beau­coup de ta­lent), semble nous ap­por­ter une ré­ponse par le son lui-même.

Titre : Corps seul
Au­teur : Bruit-Blanc
Date : 28 no­vembre 2007
Du­rée : 5′22″
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Les oreilles dans les étoiles

Par­fois, entre deux as­pé­ri­tés so­nores, il nous vien­dra l’en­vie de calme et de sé­ré­ni­té à l’ins­tar de la mu­sique du ja­po­nais Sa­sa­gu Ota aka Hi­to­shires qui, dans Stel­la, nous livre une com­po­si­tion aé­rienne à par­tir d’un jeu dé­li­cat avec les lar­sens et les vi­bra­tions des cordes de sa gui­tare élec­trique. Oui, par­fois nous au­rons en­vie d’é­cou­ter les étoiles. Une pro­duc­tion du très re­com­man­dable la­bel Taâlem.

Titre : Stel­laAu­teur : Sa­sa­gu Ota
Date : 7 oc­tobre 2016
Du­rée : 19′48″
Pro­duc­tion : Taâlem
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Ultra-poésie

Plus connu comme plas­ti­cien pour ses des­sous d’af­fiches la­cé­rées, Fran­çois Du­frêne fut aus­si, dans les an­nées 50, le fon­da­teur de l’ul­tra­let­trisme, soit une forme de “let­trisme so­nore” qui ex­plore les pos­si­bi­li­tés vo­cales (cris, bruits de gorge et de langue, pho­nèmes, etc.) dans le but de gé­né­rer une poé­sie so­nore pu­re­ment pho­né­tique et spon­ta­née qui de­vien­dra en­suite le ter­rain d’exploration des Ber­nard Heid­sieck, Hen­ri Cho­pin et consorts. Kö­chel que j’aime est une œuvre qui date de 1969.


Titre : Kö­chel que j’aimeAu­teur : Fran­çois Dufrêne
Date : 1969
Du­rée : 9′36″
En écoute sur UbuWeb
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En­joy the silence

Après avoir réuni une col­lec­tion de “si­lences” ré­col­tés en Alas­ka, Da­niel Ca­peille, pre­neur de son et concep­teur so­nore, in­ter­roge la dé­fi­ni­tion de cette ma­tière dis­crète, et de plus en plus rare, dans Le Si­lence sur un fil, une créa­tion qui tient au­tant du do­cu­men­taire que du pay­sage so­nore. Nous vous in­vi­tons à l’é­cou­ter au casque pour per­ce­voir les sons les plus té­nus. Une réa­li­sa­tion lau­réate du prix Pho­nur­gia Nova 2017 dans la ca­té­go­rie Pay­sage sonore.

Titre : Le Si­lence sur un fil
Au­teur : Da­niel Capeille
Date : 2017
Du­rée : 43′
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Ecou­ter le territoire

En 2015, à l’in­vi­ta­tion de la Fon­da­zione Au­re­lio Pe­tro­ni, Ni­co­la Di Croce, mu­si­cien, com­po­si­teur et ar­chi­tecte basé à Ve­nise, mène une ré­si­dence ar­tis­tique à San Ci­pria­no Pi­cen­ti­no, un pe­tit vil­lage du sud de l’I­ta­lie, pen­dant la­quelle il dé­ve­loppe un pro­jet in­ti­tu­lé Lis­te­ning Clo­se­ly. L’ob­jec­tif était d’é­clai­rer le lien entre l’en­vi­ron­ne­ment so­nore et le de­gré d’en­ga­ge­ment so­cié­tal et po­li­tique des ha­bi­tants et, ce fai­sant, de sti­mu­ler la prise de conscience de l’i­den­ti­té so­nore d’un ter­ri­toire pour qu’elle puisse être consi­dé­rée dans le cadre de la po­li­tique du vil­lage. Les 8 com­po­si­tions en écoute sont le fruit d’un ren­du de cette expérience.

Titre : Lis­te­ning clo­se­ly Au­teur : Ni­co­la Di Croce 
Date : 12 jan­vier 2018
Du­rée : 46′21″
Pro­duc­tion : Sonospace
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Les arai­gnées aus­si s’aiment…

Oui, bien sûr, les arai­gnées s’aiment aus­si ! Et dans la fa­mille des ly­coses, quand les mâles sont gor­gés de dé­sir sexuel, ils émettent des si­gnaux so­nores en tam­bou­ri­nant les feuilles afin d’at­ti­rer à eux les fe­melles. Ce son sur­pre­nant c’est Marc Nam­blard qui nous le dé­crit dans sa chro­nique “son de sai­son” pour les Car­nets de la re­vue Syn­tone (n°09 Prin­temps 2017) et qui l’illustre par cet en­re­gis­tre­ment dis­po­nible en ligne.
Nous vous in­vi­tons d’ailleurs à écou­ter tous les (in­croyables) sons de la sé­rie ici.

Titre : Les arai­gnées aus­si s’aiment…Au­teur : Marc Nam­blard
Date : 2017
Du­rée : 1′55″
Pro­duc­tion : Syntone
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Pa­roles sous hypnose

Ago­gies est une com­po­si­tion ra­dio­pho­nique de Ma­rie Li­sel, créa­trice so­nore et pra­ti­cienne en hyp­nose dite érick­so­nienne, et Da­niel Martin-Borret, au­teur et créa­teur so­nore, réa­li­sée à par­tir d’en­re­gis­tre­ments de sou­ve­nirs en­fouis, états émo­tion­nels fra­giles, actes man­qués… Un tra­vail d’une grande dé­li­ca­tesse qui a reçu une men­tion spé­ciale au prix Pho­nur­gia Nova 2017 dans la ca­té­go­rie Ar­chives de la Pa­role — BNF.

Titre : Ago­gies
Au­teurs : Ma­rie Li­sel, Da­niel Martin-Borret
Date : 2017
Du­rée : 16′50″
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Dé­bris

Jana Win­de­ren, ar­tiste so­nore nor­vé­gienne, mène un tra­vail de to­po­gra­phie au­dio des océans et des cre­vasses gla­ciaires. Des sons in­tenses et pro­fonds qui font la ma­tière pre­mière de ses com­po­si­tions élec­troa­cous­tiques vi­brantes. Dé­bris réunit deux œuvres ini­tia­le­ment réa­li­sées en qua­dri­pho­nies pour des ga­le­ries d’art.

Titre : Dé­bris
Au­trice : Jana Win­de­ren
Date : Juin 2012
Du­rée : 27′22″
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Le bruit de la radio

Un ex­trait de Three in­cle­ments, un al­bum (mal­heu­reu­se­ment plus dis­po­nible) de Sal­ly Ann McIn­tyre issu des tra­vaux de sa ré­si­dence sur l’île de Ka­pi­ti (Nouvelle-Zélande). Le disque re­groupe trois com­po­si­tions réa­li­sées à par­tir de dif­fé­rents postes ra­dios qui captent plu­sieurs plages de fré­quences et des sons d’un vio­lon cas­sé. Cet ex­trait, trop court, rend mal­gré tout un peu de la puis­sance de l’œuvre intégrale.

Titre : Three in­cle­ments Au­trice : Ra­dio Ce­geste (Sal­ly Ann McIntyre)
Date : 2014
Du­rée : 28’15’‘ (al­bum) / 1’51’’ (pré­sent extrait)
Pro­duc­tion : Consu­mer Waste
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La voix mobile

De­puis plus de 25 ans, Do­mi­nique Pe­tit­gand bâ­tit une œuvre sin­gu­lière et fas­ci­nante à par­tir d’en­re­gis­tre­ments de pa­roles in­times de gens qu’à tra­vers le mon­tage il dé­cons­truit, éclate et pro­jette dans l’es­pace, aus­si bien men­tal que so­nore. Dans ses com­po­si­tions, la ré­pé­ti­tion, le flot­te­ment des iden­ti­tés, des lieux et des struc­tures tem­po­relles évoquent le mou­ve­ment même de la construc­tion et de la dé­fec­tion d’une mémoire.
La voix mo­bile est une créa­tion en stu­dio réa­li­sée à par­tir d’ins­tal­la­tions so­nores de l’ar­tiste qui re­prend l’ar­ti­cu­la­tion de son écri­ture ponc­tuée par un en­tre­tien avec Irène Omé­lia­nen­ko. C’est aus­si, pour celles et ceux qui ne connaî­traient pas son tra­vail, un très bon moyen de l’approcher.
N.B. : à écou­ter au casque pour pro­fi­ter du son binaural.

Titre : La voix mo­bileAu­teur : Do­mi­nique Pe­tit­gandRéa­li­sa­trice : Na­tha­lie Salles
Date : 1er mars 2018
Du­rée : 60′
Pro­duc­tion : Ate­lier de Créa­tion Ra­dio­pho­nique / France Culture
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Al­bu­fe­ra

Al­bu­fe­ra est une com­po­si­tion de l’ar­tiste es­pa­gnol Edu Co­melles qui mé­lange des prises de sons ef­fec­tuées dans le parc na­tu­rel d’Al­bu­fe­ra, dans la ré­gion de Va­len­cia, et des nappes syn­thé­tiques. Une plage mu­si­cale dé­li­cate et hyp­no­tique qui évo­lue tout en dou­ceur dans une as­cen­sion so­nore qui, pe­tit à pe­tit, nous trans­porte dans une contrée fantasmagorique.

Titre : Al­bu­fe­ra
Au­teur : Edu Co­melles
Date : 21 jan­vier 2012
Du­rée : 22′56″
Pro­duc­tion : 48laws.org
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12 000 abeilles…
ça fout le bourdon !

Le com­po­si­teur amé­ri­cain Ri­chard De­vine nous met la tête – ou du moins les oreilles – dans un es­saim d’a­beilles… de 12 000 abeilles ! Api­phobes éloignez-vous de ce son !

Titre : Multi-channel field re­cor­ding of 12,000 bees at Bu­ckeye Creek Farm
Au­trice : Ri­chard Devine
Date : 2013
Du­rée : 3′08″
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Tant que les heures passent

For­mée à la com­po­si­tion électro-acoustique par De­nis Du­four, Bé­ran­gère Maxi­min a dé­ve­lop­pé une écri­ture très per­son­nelle au­tour d’une mu­sique par­ti­cu­liè­re­ment vi­vante et af­fran­chie de tout dog­ma­tisme. Re­pé­rée par John Zorn, elle s’offre, en 2008, le luxe d’un pre­mier al­bum sur le pres­ti­gieux la­bel Tza­dik. Nous écou­tons ici trois titres en ac­cès libre sur bandcamp.

 

Titre : Tant que les heures passent
Au­trice : Bé­ran­gère Maximin
Date : Août 2008
Du­rée : 59’35 (CD in­té­gral) / 25’30 (titres en écoute)
Pro­duc­tion : Tzadik
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(in­quié­tant) Voyage en Italie

Une carte pos­tale so­nore d’I­ta­lie de Da­mien Ma­gnette qui, loin des cli­chés, nous en­traîne dans un pay­sage qui semble plus in­quié­tant qu’idyllique.

N.B. : l’ac­cès à ce son né­ces­site la pré­sence d’A­dobe Flash Player sur votre ap­pa­reil (sys­tème IOS non équi­pé par défaut).

Titre : Gree­tings from Italy
Au­teur : Da­mien Magnette
Date : Sep­tembre 2008
Du­rée : 4’12
Pro­duc­tion : Si­lence Radio
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Mu­sique
pla­ti­née

Pre­mier al­bum du pla­ti­niste eRikm, Zy­go­sis, édi­té en 1999, an­non­çait déjà tout son art de la ma­ni­pu­la­tion des disques vi­nyles – et, plus tard, des bandes et autres sup­ports so­nores. Sa tech­nique de dé­cons­truc­tion de ma­té­riaux so­nores pour créer sa propre dra­ma­tur­gie mu­si­cale est d’une ef­fi­ca­ci­té re­mar­quable. A l’­heure des tech­niques in­for­ma­tiques, il est im­pres­sion­nant de voir com­ment cet ar­tiste tra­vaille de fa­çon ar­ti­sa­nale et avec une telle dex­té­ri­té l’art du cut-up, du col­lage et du mixage. Un must.

Titre : Zy­go­sis
Au­teur : eRikm
Date : 1999
Du­rée : 38’09
Pro­duc­tion : Sonoris
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Poé­sie synthétique

Qu’advient-il du ca­rac­tère ar­tis­tique d’un poème lors­qu’il est in­ter­pré­té par des ma­chines ? C’est la ques­tion en creux dans cette ver­sion très par­ti­cu­lière de l’Ur­so­nate de Kurt Schwit­ters, poème da­daïste des an­nées 20–30, par An­dré Cor­mier et l’En­semble Or­di­na­ture. À l’ins­tar du poète al­le­mand en son temps et à sa ma­nière, l’artiste ca­na­dien, 80 ans plus tard, re­met en crise la no­tion même de poésie.

1. Ron­do al­le­gro largo

2. Scher­zo

3. Pre­to Finale
Titre : Ur­so­nateAu­teur : Kurt Schwit­ters
In­ter­pré­ta­tion : En­semble Or­di­na­ture, dir. An­dré Cormier
Date : 1922–1932 (œuvre ori­gi­nale) / 2004 (pré­sente création)
Du­rée : 18′50″”
En écoute sur UbuWeb
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Les cou­leurs de la nuit

Homme d’ins­ti­tu­tion, puis­qu’il di­ri­gea un temps le GRM, Fran­çois Bayle est aus­si, et sur­tout, un grand ac­teur de la re­cherche mu­si­cale de­puis les an­nées 60 connu pour l’in­ven­tion, dans les an­nées 70, de l’a­cous­mo­nium : un “or­chestre” d’en­ceintes acous­tiques fa­vo­ri­sant la mise en scène des sons. Les cou­leurs de la nuit est œuvre plu­tôt mé­con­nue, et pour­tant ma­jeure, du com­po­si­teur. Dans ce pay­sage so­nore aux teintes tro­pi­cales (ses ori­gines mal­gaches ?), les sons s’a­gitent dans l’es­pace tels des in­sectes tur­bu­lents. Ra­re­ment la mu­sique acous­ma­tique aura at­teint cette puis­sance d’é­vo­ca­tion par les sons.

Titre : Les cou­leurs de la nuit
Au­teur : Fran­çois Bayle
Date : 1985 (pre­mière édi­tion) / 2017 (pré­sente édition)
Du­rée : 38′
Pro­duc­tion : INA-GRM (pre­mière édi­tion) / Sub Rosa (pré­sente édition)
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Sans mer­cy

Em­ma­nuelle Gi­bel­lo dé­ve­loppe une pra­tique ar­tis­tique qui em­prunte à la fois aux arts vi­suels et à la mu­sique élec­tro­nique. Très in­fluen­cée par les nou­velles tech­no­lo­gies, elle in­vente ses propres dis­po­si­tifs mu­si­caux à par­tir de ca­mé­ras, de cap­teurs, de mi­cros mo­di­fiés, etc., avec les­quels elle ex­plore et ma­ni­pule des sources so­nores pro­ve­nant de mi­lieux na­tu­rels comme de mi­lieux ur­bains, de son quo­ti­dien comme de ses voyages. Dans ses tra­vaux, éga­le­ment très im­pré­gnés de lit­té­ra­ture, elle in­ter­roge les rap­ports entre sons, images, pay­sages so­nores et sou­ve­nirs. Dans Se­cret Mer­cy, elle dé­ve­loppe une nar­ra­tion double – à l’ins­tar du ro­man d’­Ha­ru­ki Mu­ra­ka­mi, La Fin des temps, dont elle s’ins­pire –, à par­tir de sons en­re­gis­trés sur le ter­rain en France, en Co­rée, au Ja­pon, au Laos et au Ca­na­da ain­si que les voix de di­vers protagonistes.

Titre : Se­cret Mercy
Au­trice : Em­ma­nuelle Gibello
Date : 13 avril 2013
Du­rée : 65′35″
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(Hé)risser le piano

For­te­ment nour­rie par le jazz – elle fut no­tam­ment de l’a­ven­ture de l’Or­chestre na­tio­nal de jazz pen­dant 5 ans –, Eve Ris­ser est avant tout une com­po­si­trice et une in­ter­prète (flû­tiste mais sur­tout pia­niste) à l’es­prit aven­tu­reux qui fran­chit sans état d’âme les fron­tières de toutes les géo­gra­phies, ter­restres comme mu­si­cales. Elle col­la­bore ré­gu­liè­re­ment avec d’autres mu­si­ciens, elle a créé le White De­sert Or­ches­tra, un en­semble de 10 mu­si­ciens entre mu­sique jazz et mu­sique de chambre, et elle s’é­pa­nouit aus­si dans un tra­vail plus in­ti­miste au pia­no en solo. Nous écou­tons ici une de ses im­pro­vi­sa­tions au pia­no pré­pa­ré ; ins­tru­ment qu’elle fait vi­brer, ré­son­ner, chuin­ter, chan­ter… Une mu­sique té­nue, fra­gile et sensible.

Titre : Solo pre­pa­red piano
Au­teur : Eve Ris­ser
Date : 2012
Du­rée : 17′28″
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